Thé vert du Japon (île de KYŪSHŪ, Miyazaki) : kama-iri cha (HYÛGA).

Je débute cet article en vous remerciant de votre enthousiasme pour ce blog, de vos demandes (et incitations !) à écrire de nouveaux articles 🙂

Un nouvel échantillon, envoyé une fois de plus par Cucurbita Pepo, je te remercie de nouveau ! Grâce à toi, je vais pouvoir faire découvrir 2 choses avec cet article : un thé devenu rare, le kama-iri cha ; une maison de thé : Lupicia. Pour sa première boutique en Europe, la maison de thé japonaise a choisi Paris et s’est installée en septembre 2013, dans le quartier de Saint-Germain-Des-Prés (75006).

photo 1 (6)N.B : le terme « sencha » mentionné sur l’image plus haut n’est pas à prendre en compte. Après confirmation de Cucurbita Pepo sur la nature de ce thé (j’avais reconnu un kama-iri cha), il ne s’agit pas d’un sencha Hyûga mais bel et bien d’un kama-iri cha de « Hyûga ».

Je vais vous présenter un thé vert du Japon, devenu rare, le kama-iri cha :

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Préambule :

* Qu’est-ce qu’un kama-iri cha ?

Lors de mon article à propos du sencha Kagoshima, je vous avais présenté un type de thé vert japonais : le sencha. Cette fois-ci, nous allons voir un autre type de thé japonais, le kama-iri cha (un thé de plein soleil).

Ce type de thé est très ancien (16ème siècle), on dit qu’il est probablement importé de Chine (ce qui aura son importance pour la suite), il est antérieur au sencha (thés étuvés) qui deviendra majoritairement consommé et produit au Japon. De nos jours, ce thé est devenu rare et produit essentiellement sur l’île de Kyūshū.

Le nom officiel de ce thé est : kama-iri sei tamaryoku-cha. Il est plus généralement appelé kama-iri cha. Il existe 2 types de tamaryoku-cha (qui est le type de thé générique au même titre que sencha, gyokuro…). Je n’entrerai pas plus dans les détails, il ne s’agit pas d’étaler ses connaissances !

Pour faire simple :

. Types de thés verts du Japon : sencha, tamaryoku-cha, gyokuro, kabuse-cha, matcha…

. 2 types de tamaryoku-cha : kama-iri sei (kama-iri cha) & mushi-sei (appelé aussi guri-cha).

La différence principale du kama-iri cha (par rapport au sencha), vient de sa dessication (elle détermine la valeur aromatique du thé) qui est faite en cuve. Littéralement, on peut le traduire par thé chauffé en cuve. Kama désignant le chaudron qui sert à stopper le processus d’oxydation par un chauffage (non pas à la vapeur et étuvé comme le sencha) à la poêle (ou encore au chaudron) par contact direct des feuilles avec celle-ci.

* Miyazaki & Hyūga ?

Miyazaki est une préfecture située sur la côte est de Kyūshū (l’île la plus méridionale de l’archipel du Japon). C’est une zone montagneuse qui bénéficie d’un climat propice à la culture du thé.

Hyūga est une ancienne province du Japon qui correspond à ce qui est aujourd’hui la préfecture de Miyazaki. C’est aussi le nom d’une ville dans la préfecture de Miyazaki.

C’est là :

japanmap_miyazaki

KyushuJapanMap

* Nom du thé : Kama-iri cha « Hyūga », nous renseigne à la fois sur le procédé de fabrication du thé, il est chauffé en cuve (poêle, chaudron) et sur sa provenance, sur l’île de Kyūshū.

* Famille de thé : thé vert.

* Provenance du thé : Japon, île de Kyūshū, préfecture de Miyazaki (côte est), dans la province de Hyūga.

* Récolte : 2014.

* Cueillette : non renseignée.

* Sélection : Maison de thés Lupicia (75006).

* Site webhttp://www.lupicia.fr

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A l’ouverture du sachet (difficile de concentrer les arômes avec un échantillon), des arômes végétaux et d’algue dominent toute autre perception olfactive. Puissant et caractéristique des kama-iri cha, l’arôme de ce thé vient se complexifier (pour mon plus grand plaisir) de notes grillées voire de noisette liées à la torréfaction de ce thé, tout en suggérant une finale acidulée de fruit. La forme des feuilles (non pas roulées en forme d’aiguilles comme c’est le cas pour les sencha) est très reconnaissable : aspect « frisé », torsadé, roulées en forme de virgule. Ces petites feuilles sont d’un vert bleuté-vert sombre & profond. Une feuille qui rappelle les thés verts chinois.

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* Mode de préparation : au senchado (cf. mon article : https://lefebvrephilippe.wordpress.com/2015/04/20/the-vert-du-japon-ile-de-kyushu-sencha-kagoshima).

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* Dosage : 2/3 grammes (1 cuillère à café) par personne à verser directement dans le kyusu (après avoir réchauffé le kyusu d’une tasse d’eau chaude à 85°C).

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* Température : 85°C pour les 2 premières infusions puis 90°C.

* Temps d’infusion :

1. Au senchado : la 1ère infusion sera de 20 secondes, la 2nde de 1 minute, la 3ème de 2 minutes, la 4ème de 3 minutes.

2. Au kyusu (ou en théière en porcelaine/fonte) en infusion directe : la 1ère sera de 1 minute, la 2nde de 2 minutes, la 3ème de 3 minutes.

* Nombre d’infusions :

1. Au senchado : 4 infusions successives en augmentant le temps d’infusion et la température de l’eau.

2. Au kyusu (ou en théière de moins de 500ml) : 3 infusions en augmentant le temps d’infusion et la température de l’eau.

* Liqueur : d’un vert-jaune limpide, lumineux.

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* Notes de dégustation :

* 1ère infusion : liqueur vert-jaune, lumineuse et limpide ; feuilles à peine ouvertes ; nez : arômes végétaux, fine suavité légèrement fruitée, quelque peu iodé avec une évocation d’algues ; bouche : douceur suave, acidulée, légère persistance de l’amertume qui reste agréable, donnant du caractère à la liqueur.

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photo 3 (6)* 2nde infusion : liqueur jaune-vert, légèrement beurrée, lumineuse ; feuilles mi-ouvertes ; nez : notes puissantes végétales, mêlées à une présence acidulée, grillée, torréfiée, de noisette ; en bouche : la note fruitée est moins présente, elle devient une note finale. L’attaque est puissante, végétale, amère même si elle est contenue & équilibrée, douce. La finale m’évoque des notes de tourbe doublée d’une note grillée.

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* 3ème infusion : liqueur vert-jaune ; feuilles ouvertes ; nez : note de foin qui fait penser à des pu’erh crus mêlée aux thés verts d’Inde, d’une puissance tourbée & grillée ; bouche : désaltérant, consistant, plein, la finesse est absente laissant place à l’amertume acidulée qui pourtant décline très vite et ne prend pas toute la bouche. Tout est équilibré & maîtrisé, il reste doucereux développant en finale une suavité fruité rafraîchissant l’amertume grillée.

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* 4ème infusion : liqueur vert-jaune + lumineuse, moins épaisse ; feuilles ouvertes ; nez : perte des arômes, de la puissance et de la note grillée ; bouche : la note fruitée et sucrée prend l’ascendant sur l’amertume, + désaltérant & gourmand, doux, une belle persistance.

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* Où le trouverhttp://www.lupicia.fr/s/29786_178150_the-vert-japonais-kama-iri-cha-hyuga

* Prix : 11€ (50g).

* Rapport qualité-prix : un prix qui peut être dissuasif quand on dépasse la barre des 10€ pour 50g, cela dit la qualité est au rendez-vous pour ce thé devenu rare ! Toute bonne chose & rare a un prix !

* Note : 16/20.

* Je le conseille : je conseille ce thé à tous ceux qui veulent s’initier aux thés verts du Japon car il est un trait d’union entre la Chine (procédé de fabrication et forme de la feuille) et le Japon. Parfait pour franchir le pas ! Novices & initiés devraient trouver leur bonheur.

* Ma suggestion à Lupicia : ouvrir une boutique à Lyon 🙂 et donner plus d’informations sur le thé (cultivar…).

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13 réflexions sur « Thé vert du Japon (île de KYŪSHŪ, Miyazaki) : kama-iri cha (HYÛGA). »

  1. Très bel article, le comble c’est que j’en avais reçu un échantillon de 3 gr de chez Lupicia, thé que j’ai adoré, mais je n’ai pas reconnu la photo…je confirme que c’est excellent. Il est dans ma liste de mes futurs achats chez Lupicia 🙂

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  2. Si j’ avais eu un prof avec des textes aussi intéressants que les tiens, Philippe, j’ aurais accroché… J’ aime ce blog.
    Ceci dit , je ne connais pas ce thé mais tu m’ as donné envie d’ y goûter.

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    1. Ce thé est une belle occasion de tester un thé vert du Japon car il ressemble beaucoup (sa feuille et certaines notes) à un thé vert de Chine. Il est comme un trait d’union entre les thés verts de Chine & les thés verts du Japon 🙂
      Bon bien sûr, il est nature… 🙂 🙂 🙂

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